lundi 18 décembre 2017

Mes ancêtres de la Gaspésie

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1- La Gaspésie
Mon enfance ...
J'ai grandi près de la mer et entouré par la forêt.
Mon premier souvenir est celui d'un troupeau de vaches qui venait manger devant la maison de mon père. Des dizaines de vaches blanches, brunes et noires, avec une forêt en arrière d'eux comme toile de fond ..
Un autre souvenir est celui des marchands de poissons qui se promenaient devant chez-moi en camionnette et qui essayaient de vendre du poisson frais à ma mère. Elle en achetait à l'occasion, du maquereau, qu'elle faisait cuire dans une sauce blanche.
Je conserve plusieurs souvenirs de mon enfance en gaspésie. L'enfance est probablement la même chose pour quiconque et c'est la plus belle période de
la vie. Nous sommes plein d'espoirs, de projets et de visions, et la vie nous apparaît encore comme mystérieuse, comme si on ne pouvait pas la toucher véritablement et qu'il nous faille courir pour l'attrapper.
L'image qui me revient toujours à l'esprit lorsque je pense à la gaspésie est une image de soleil, un vent rafraîchissant qui sèche le linge étendue sur une grande corde, et un ciel bleu pâle dans lequel se promènent de nombreux nuages blancs aux formes gonflées et ressemblant à des femmes gentilles, comme des mères.
Des femmes en voyage ... , sans destination précise.
Les nuages de beau temps me faisaient penser à des femmes, tandis que les nuages d'orage m'apportaient à l'esprit des idées d'hommes forts et sévères.
Le climat de la gaspésie est plutôt tempéré.
La saison chaude ne dure que de juin à juillet. Les baignades dans la mer ne sont donc pas très longues. Dès le début d'août, les vents commencent et c'est une sorte d'automne vert.
Les champs sont encore à pousser mais c'est le travail des récoltes qui débute, et les vacanciers commencent à s'en retourner en ville.
Mon père n'était pas un fermier mais plutôt un bûcheron. Je suis très près de la forêt et la coupe des arbres n'a pas de secrets pour moi. Le mouvement qui entoure la chute de l'arbre est particulière, surtout pour.un jeune garçon faisant 

petite figure en face de l'arbre géant. Mon père possédait une terre où il y cultivait la coupe du bois. Il le faisait cependant d'une manière artisanale et il se servait d'un cheval pour amener le bois coupé près du chemin de gravel, où le transport était alors effectué par camions, ou par tracteur. Léonard, mon père, faisait deux sortes de coupes. 
Il coupait d'abord son bois de chauffage






Une récolte annuelle qui devait lui permettre de se chauffer pendant tout l'hiver. Ensuite, une ou deux fois par année,mon père faisait une coupe commercial qu'il revendait à l'usine de sciage de New-Richmond. Cette usine étaitla propriété de la compagnie anglaise; The Consolidated Bathurst.Grandir parmi les arbres est ce qui se rapproche le plus du bonheur. Il y a dans la forêt, l'ensemble de la vie à tous ses niveaux. Lorsqu'on regarde une petite fougère cotoyer un tremble de cent pieds, l'on ne peut s'empêcher d'être songeur et de comprendre la vie,même si l'on a que six ans.La forêt est mystérieuse, surtout pour les enfants, car pour les adultes elle semble être comme une vieille amie, qui n'aurait plus vraiment de secret à cacher. En tout cas, mon père semblait bien connaître la forêt et il n'en avait pas peur. Il lui parlait, et elle lui répondait. J'essayais bien moi-aussi de parler à la forêt mais la réponse était souvent comme celle d'un vieil homme qui aurait voulu me raconter des peurs d'enfant. La forêt lorsque je voulais m'y aventurer seul était pour moi une sorte de géant de conte; tandis que pour mon père elle était une fidèle amie et une compagne, une sorte de soeur ou de mère. D'ailleurs, lorsque j'étais en forêt avec mon père, je n'avais jamais peur.



   La vie rurale est différente de la vie urbaine. En ville, les mythes ne résistent pas vraiment le passage du temps, et ils sont toujours mis à jour d'une man1ere ou d'une autre. En campagne, je me souviens que les mythes étaient très présents dans notre vie quotidienne. Mythes et religion, car le curé du village était le vrai meneur du milieu. Mon père était un fidèle pratiquant, tandis que ma mère était assez permissive quant à la fréquentation régulière de l'église.
L'église! Mon église à St-Siméon. Comme nous étions impressionnés par la hauteur du clocher. Ce fameux clocher
tenait à son extrimité - je devrais dire a tenu longtemps - un coq de fer blanc. Un jour de grands vents, le fameux coq s'est retrouvé dans la cour de mon père, du moins les quelques pièces projetées jusqu'à là. Par la suite on a remplacé le coq par une croix en métal, solidement fixée et plus facilement fixable qu'un coq en fer blanc.

Le clocher de l'église est certainement unique dans la vie des villages gaspésiens pour annoncer la vie de l'endroit. Chacun des clochers est également différent l'un de l'autre et l'on est toujours très fier de son clocher paroissial.
Le mythe catholique ne s'arrête cependant pas au clocher, et j'ai en mémoire le récit enflammé d'un curé quelconque, un père d'une maison de retraite, qui était un acteur exiraordinaire. Sa description de l'enfer, ses feux horribles, ses souffrances insupportables, tout cela était mieux défini et plus divertissant
que les films modernes ou que les livres à horreur. Il venait visiter notre village une fois par année, et les paroissiens
l'attendaient avec crainte. Ils avaient aussi confiance en lui pour qu'il les aide à éviter cet enfer cruellement horrible,
et fort brûlant ...
En repensant un peu, je me rends bien compte que l'ampleur était placé sur l'enfer et très rarement sur la beauté du paradis.
Nos bons vieux curés croyaient probablement plus facile de convaincre par la peur, plutôt que d'inciter à la bonne vie par l'offre d'un paradis ag éable et sympathique.
Mais le souvenir le plus marquant que je retiens de mon église est celui de l'ambiance intérieur durant les attentes de célébration. Le silence pendant l'attente du curé, le silence avant de passer au confessionnal, le silence pendant l'entrée des autres
familles du village et l'observation des habits et coiffures de ces familles. Combien de fois, mon père commentait-il, - comme bien d'autres le faisaient - sur la fierté de l'un, sur l'orgeuil d'un autre,
ou sur le mauvais goût d'un voisin de banc. Ah oui, il avait le banc. Il s'agissait d'une forme de réservation des places
assises où chacune des familles louaient un banc en particulier. Moyennant un paiement annuel, la famille avait le droit d'usage exclusif du banc durant les cérémonies du dimanche et des différentes fêtes religieuses. Mon père a eu pendant longtemps le banc numéro S. Il l'avait acheté durant un encan, il avait
acheté le droit de loué de le banc ..
Mon père s'assoyait au bord du banc, c'est à dire près de l'allée centrale, et moi je m'assoyais à ses côtés. Lors des rares occasions où ma mère était présente, elle s'assoyait aux côté de mon père. Avec les excursions en forêt avec mon père, les moments assis ensemble dans le banc de l'église sont l'un des agréables souvenirs que je me rappelle le plus.
C'était comme si on acceptait, ensemble, de s'afficher devant tout le village; lui annonçant: voici mon fils; moi acceptant son message et disant: il est mon père. C'était une communication entre un père et son fils.
La habitants ruraux se servaient de l'église pour se rassembler et développer entre eux un sentiment de support et d'entraide.3


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Le bureau de poste était le deuxième lieu d'échange et de rencontre de mon village.
A l'époque de mon enfance, le courrier était livré par train, deux fois par jour, le matin et l'après-midi. Le train laissait un sac à la gare, et il en reprenait un autre. Un résident voisin de la gare prenait ce sac et l'apportait au bureau de poste pour distribution aux destinaires. Les familles habitant près du bureau de poste pouvait venir cueuillir leur courrier deux fois par jour et jaser entre eux pour apprendre les dernières
nouvelles.
Les familles habitant loin du bureau de poste n'avaient cependant droit qu'à une seule distribution par jour; effectuée par camionnette et par le même individu qui avait apporté plus tôt les sacs de courrier de la gare au bureau de poste.
Le bureau de poste remplaçait le journal ou la télévision. Les nouvelles étaient transmises rapidement et d'une façon directe et personnalisée. Malheureusement, tout cela
a disparu aujourd'hui ... enfin je crois bien.
La vie rurale en gaspésie était autrefois une vie individuelle où les familles cultivaient leur propre nourriture. Il n'y avait donc pas beaucoup de place pour les magasins. Ce n'est que plus
tard avec le passage d'une économie agricole à une économie
industrielle, que les magasins généraux ont pris une place
plus importante, remplaçant même le bureau de poste comme lieu de rencontre du village.
Chez-nous à St-Siméon, c'est le magasin coopératif qui a pris ce rôle. Je connais bien ma coopérative car j'y ai travaillé moi-même en tant que commis. Ma tâche consistait en deux volets: entretenir et garnir certains tablettes que j'avais été assignée - les boites en conserve-, et empaqueter les achats des clients pour - si on le désirait - aller porter
dans leur automobile les sacs en question.
Un emploi qui n'était pas bien compliqué mais il me permettait de tout connaître quant aux activités de mon village.
Evidemment comme dans tous les emplois, il y avait une héirarchie ...
La coopérative de mon village était dirigée par un gérant, un type sérieux et un peu sévère. Mais c'est son adjoint, un type vraiment sérieux et sévère, qui me causait le plus de problèmes. Le pauvre diable n'était pas vraiment confortable avec

les jeunes adolescents et leur manque de maturité. L'adjoint était donc continuellement à me talonner et à m'inviter de travailler plus fort et être plus occupé. Pou·r lui il ne fallait pas avoir un moment de répis et toujours être en action.